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Jamais sans mon Jack...

Mais non, pas Jack Daniel's, bande de petits alcooliques. C'est de Jack reacher dont on parle là. Jamais entendu parler ? Rassurez vous, on va vite corriger ça. C'est le héros d'une série de polars assez populaires dans les pays anglos saxons mais plutôt méconnue en France. Levons le doute tout de suite, il ne s'agit pas de grande littérature. On peut suivre même en cas de méningite aigüe. Pourtant, au delà de la qualité variable des intrigues, c'est le personnage qui fait l'intérêt de la série. 

 

Fils d'un officier des marines, il a passé son enfance balotté aux quatre coins du monde sur des bases militaires. Adulte, il s'engage à son tour et intègre la police militaire. Rebelotte donc il arpente le globe pendant treize ans. A la fin de la guerre froide, l'armée U.S est repensée et les effectifs diminués. Reacher saisit sa chance et pose sa démission. Il veut commencer à silloner son pays d'origine, dont il n'a apperçu jusque là que des tarmacs entre deux avions.

 

C'est donc là que l'histoire commence. Il se balade dans tous les Etats Unis, sans domicile fixe et sans bagages. Plutôt que de transporter des vêtements qu'il faut stocker et nettoyer, Reacher achète tous les trois jours les habits les moins chers qu'il trouve et jette les anciens à la poubelle. Vite fait bien fait. Il se balade donc avec en poche son passeport expiré, sa brosse à dents et du cash. Il aime la liberté car il a la bougeotte et reste rarement 48 heures au même endroit. Il se déplace généralement en stop ou en bus.

 

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Pourtant, il joue sacrément de malchance. Car où qu'il aille, il se retrouve inmanquablement embringué dans des histoires tordues où se croisent criminels, agents fédéraux, militaires et plus encore. Guidé par une ténacité qui tire sur l'obstination, il s'applique à redresser les torts et fait regretter aux méchants d'être sortis du ventre de leur mère.

 

Car il faut dire que Jack a tous les atouts pour être un justicier. Son gabarit tout d'abord. Presque deux mètres pour 120 kilos (nous passerons sur l'adaptation cinématographique avec Tom Cruise, puisque dès le départ c'est foutu vu que Tom mets des talonettes pour faire la taille de Sarkozy). Il a passé sa vie dans l'armée, qui a beaucoup investi pour faire de lui une arme redoutable. Logique quand on y pense, puisqu'un flic chargé d'arrêter des types formés au combat doit être sacrément burné au moment de leur passer les menottes.

 

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Au delà de ça, on apprend ici et là que Jack est une terreur depuis la maternelle, sans exagérer. Trimballé partout dans le monde, il a dû intégrer une multitude d'écoles, et il est bien connu que le petit nouveau se fait bousculer le premier jour. Assez rapidement conscient de ce phénomène, Reacher a compris qu'en inversant le processus la vie était plus douce. Il en a bavé. A cinq ans il se bastonnait avec des mecs de huit, mais à dix ans ceux de quinze regardaient leurs chaussures et le croisant dans les couloirs. Donc à trente six ans, après West Point et treize ans de police militaire, vous imaginez le char d'assaut. Du coup, ceux qui lui courent un peu trop sur le haricot finissent mal en général. 

 

La formule est simple : Des innocents en détresse + des méchants très méchants ÷ Reacher = badaboum. A peu près à chaque fois, une demoiselle toujours très bien roulée succombe à sa personnalité à la fois bestiale et sophistiquée. Car il est aussi doué d'un esprit de déduction hors normes et d'une bonne dose d'empathie, ce qui lui permet de se mettre dans la peau de ses adversaires pour mieux les attraper. Quand il était flic, il arrivait à retrouver des déserteurs rien qu'avec une carte et leurs dossiers, en devinant où ils iraient se cacher. Devant l'adversité, Reacher fait aussi preuve de pas mal de stratégie en anticipant, feintant, tendant des pièges pour s'en sortir. 

 

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Parfois, c'est tout de même un peu flippant. Car Reacher est un electron libre et agit en dehors du cadre légal, même s'il évolue souvent assisté de fédéraux ou de flics. Du coup, s'il décide qu'un type doit mourir ou du moins perdre quelques dents parce qu'il va à l'encontre de ses principes moraux, Jack se lance sans hésiter avec pas mal de pertes et beaucoup de fracas. Notre héros compare ça à se débarasser de cafards, encore que ces insectes n'ont pas de libre arbitre, à la différence de ceux qu'il emplafonne. Parfois pourtant la pression monte pendant des centaines de pages pour une fin étonnament peu spectaculaire. Pif paf pouf et (presque) tout le monde rentre chez soi. D'autres fois, ça donne des finals grandioses et des combats mémorables (comme dans Elle savait par exemple).

 

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Le côté loup solitaire a fortement été influencé par le parcours de l'auteur, Jim Grant a.k.a Lee Child, écrivain britannique. Après avoir travaillé vingt ans pour une chaîne télé de Manchester, il s'est retrouvé à la porte du jour au lendemain. La vision désabusée qu'entretien Reacher vis à vis de l'armée reflète la rancoeur de Grant face aux grandes institutions, cyniques et corrompues. Même si l'action se déroule aux Etats Unis et a souvent pour cadre l'armée U.S, le ton n'est pas spécialement patriotique. Les gars avec les plus gros flingues sont rarement les plus vertueux.

 

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Découvrez donc les aventures de Jack Reacher, qui vous fera visiter les States et partager sa passion pour le café noir, la junk food, les traumas crâniens et les demoiselles en détresse. C'est sacrément addictif au final.

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